Les guerriers fauves
Le deuxième tome de la saga de Tancrède le Normand et de Hugues de Tarse
extrait
“Il y a des chemins qu’on ne devrait jamais prendre, des gestes qu’on ne devrait jamais faire, des paroles qu’on ne devrait jamais prononcer…
Il regarda sa main. Ses doigts tremblaient. Il lâcha le couteau. Le tremblement passa à son corps tout entier. Un tremblement incontrôlable. Il aurait voulu crier, au lieu de ça, il gémit. Un gémissement de bête blessé. Il aurait voulu pleurer, mais il ne savait plus. Il s’était caché dans une maison en ruine envahie par le lierre. Des rats s’étaient enfuis à son approche, leurs cris aigus résonnant dans l’enfilades de pièces noyées dans les ténèbres.
La peur était là qui rôdait. Plus redoutable que la Mort. À la fois en lui et en dehors de lui. Ombre sur les murs rongés de salpêtre, sur les portes branlantes et les volets disjoints.
Des images de douleur l’assaillirent. Soudain un bruit de pas tout proche. L’homme se figea. Quelqu’un était entré dans la maison. La porte de la pièce où il se dissimulait s’ouvrit d’un coup, laissant un rai de lumière grise s’étirer presque jusqu’au corps sans vie qui gisait à ses pieds.
Un soldat se tenait dans l’encadrement. De là où il était, l’homme dissimulé dans la pénombre apercevait sa broigne de cuir sombre et la lance qu’il tenait à la main.
– Il y a quelqu’un là-dedans ? fit le soldat avant de répondre à l’un de ses camarades qui l’interpellait :
– J’te dis que j’ai entendu du bruit.
Il s’avança un peu, essayant de percer la pénombre des yeux. Dehors, ses camarades s’impatientaient. Le sergent grogna. La patrouille devait rentrer à la prévôté.
Le soldat était partagé entre l’envie d’aller de l’avant et celle de faire demi-tour. Désir d’oublier le soir qui venait, le froid, la fatigue et les colères du prévôt.
Une longue lame souillée de sang s’éleva dans l’obscurité, un couteau prêt à frapper.”
Résumé
Nous sommes en avril 1156 à Barfleur, six mois après le tumultueux séjour de Tancrède et de son maître Hugues de Tarse au château de Pirou.
Alors qu’une mystérieuse série de meurtres d’enfants sème la terreur dans le port, Hugues et Tancrède embarquent sur un navire de guerre normand. À bord de l’esnèque, qui navigue de concert avec un navire marchand, se trouve un trésor, offert par Henri II Plantagenêt à Guillaume 1er de Sicile. Cette précieuse cargaison est sous la garde de Magnus le noir et de ses guerriers fauves, une élite de combat réputée autant pour son efficacité que pour la cruauté de ses hommes.
Gagner la Méditerranée par voie de mer depuis le Cotentin est un long et périlleux voyage. Des mois de cabotage entre îles et ports, embouchures de fleuves et de rivières… Des Anglo-Normandes à La Rochelle et à Talmont en passant par la Bretagne… Des mois, surtout, de vie en mer pour Tancrède et son maître.
À bord, se trouvent des hommes tels que Giovanni della Luna, un marchand lombard, un pèlerin de saint Jacques, un moine copiste, un géographe sicilien ou l’ambigu Bartolomeo d’Avellino, le cavalier noir plusieurs fois croisé dans Le peuple du vent. Une seule femme est du voyage, la jeune et érudite Eleonor de Fierville qui doit épouser à Palerme un homme qu’elle n’a jamais vu : le comte de Marsico.
Embuscades aux escales, tempêtes, récifs, attaques de pirates, les dangers ne manquent pas tout au long de ce périple, sans compter ceux qui couvent à bord des deux navires. Car quand un mousse est retrouvé mort, la peau gravée des mêmes lettres de sang que les jeunes victimes de Barfleur, aucun doute n’est possible : le tueur d’enfants est du voyage. Pourtant, rien, pas même les redoutables guerriers fauves, ne pourra empêcher Hugues de Tarse de mener son protégé jusqu’aux portes de l’Orient, ce détroit de Gibraltar après lequel le mystère des origines de Tancrède prendra tout son sens…