Par le vent

Troisième et dernier tome de La trilogie celte.

EXTRAIT

“Des silhouettes blêmes dansaient autour d’Eogan. Robes pâles et longs cheveux. L’une d’elles se pencha vers lui, murmurant à son oreille des mots qu’il ne comprit pas. Puis tout s’effaça.
Tourbillons de sable sur la grève, brume, ombres sur les vagues. Il rêvait et son rêve ondoyait, se déformait, se tranchait, puis se reformait.
Eogan regarda ses jambes, elles étaient devenues des serres. Ses bras et ses mains avaient disparu. Il était plumes noires, œil jaune, bec et griffes. Il était corbeau. Bran. Bodb. Connaissant le passé et l’avenir. Oiseau sacré, attribut du dieu Lug. Le temps du rêve était revenu.
Il déploya ses ailes et monta vers la lune. Il survola l’océan, le curach où somnolait le marin, plana sur l’île, effleurant Fergus au passage. Enfin, il se posa sur le toit d’une des neuf maisons, ébouriffant son plumage.
Une bourrasque se leva. L’île et la mer alentour se couvraient de brouillard. Le corbeau attendit, fixant le temple de son œil jaune.
Le temps d’avant venait à lui. Le passé et le présent ne faisaient plus qu’un.
Eogan voyait se dérouler la longue histoire du sanctuaire, ses reconstructions, les tempêtes, les incendies, les neuf magiciennes dans leurs chaumières, l’arrivée des Romains et des nouvelles croyances. L’oubli peu à peu, et la vieillesse. La plus jeune nouant ses cheveux gris. Plus d’offrandes sur les barques rituelles, plus personne sur le rivage pour s’accoupler avec elles.
Pourtant les rituels restaient les mêmes. Comme chaque année avant Samain, elles devaient reconstruire le toit de leur temple avant la tombée du jour.
Le corbeau cilla et la vision se précisa.
Les vieilles femmes portaient les fagots de joncs et les poutrelles. Comme tant d’autres avant elles, elles répétaient les gestes et disaient les paroles sacrées. Si l’une d’elles venait à trébucher ou à laisser tomber sa charge, la mort l’attendait, inéluctable. C’était ainsi depuis bien des nuits et jamais, il n’en fut autrement, sauf cette année-là…
Était-ce le temps qui s’écoula plus vite ? La fatigue et l’âge qui engourdissaient leurs membres ? L’oracle l’avait prédit. La nuit s’engouffra par la toiture béante. La lune éclaira l’intérieur du temple de sa lueur blafarde. La vision s’évanouit dans la brume du temps. Le village était à nouveau vide.
Le corbeau s’envola et se posa sur le corps d’Eogan.”

Résumé

Ce troisième volume de la Trilogie Celte s’ouvre sur les formes torturées d’une île balayée par les vents : l’île des “neuf magiciennes”, lieu de savoir défendu par les éléments et les animaux marins. Alors qu’Eogan et Fergus, au péril de leurs vies, y accostent pour affronter “Celui qui sait la fin des choses”, une galère de combat et un navire marchand font force de voiles pour gagner le port d’Alet, siège de la légion romaine. Rutilius Namatianus, ancien préfet de Rome, gaulois d’origine, regagne son pays menacé par les barbares. Le tribun Flavius doit conduire vers Rome les dernières familles patriciennes vivant encore dans les villae des alentours. Incendie, meurtres et pillage ravagent le quartier général romain d’où se sont enfuis des prisonniers parmi lesquels un homme et un enfant roux venus d’Irlande.
Après avoir libéré les neuf magiciennes, nos jeunes druides devront affronter les cohortes de la légion, les profondeurs de la forêt ancienne, les dangers des marais avant de retrouver la piste d’Oengus, une piste qui le conduira du Mont Dol au Mont Tombe et enfin vers les Îles au nord du monde où toute question trouve réponse.

Les éditions du Masque
228 pages
15 euros
Parution : mai 2005