LE CHEVALIER AU LOUP

extrait

“…Un des chevaux hennit nerveusement, les oreilles dressées. La main sur la garde de l’épée qui ne le quittait jamais, Hervé poussa la porte et entra. Il faisait noir comme dans un four et ses yeux peinaient à s’accoutumer à la pénombre. Il ne vit pas les silhouettes qui se dissimulaient près du lit clos ni l’effrayant rictus des têtes de loup aux crocs acérés. Il s’avança, buta sur un obstacle et retrouva son équilibre en jurant. Sa paume avait frôlé un tissu, puis quelque chose de tiède et de gluant. Il essayait de dégainer quand la bête se jeta sur lui avec un grondement sourd. Une odeur immonde de sang, de sueur et d’urine lui monta aux narines. Ses genoux plièrent. Il tomba face contre terre en poussant un râle d’agonie. Au bout d’un moment, ses hommes ne le voyant pas ressortir, entrèrent à leur tour dans le moulin…
…On ne retrouva du Louvetier et de ses gens, de Gwennolé et de sa famille que des cadavres dévorés par les bêtes.
Et l’hiver 1198 arriva.
Un des plus rudes que le duché de Bretagne ait connu. Les oiseaux tombaient morts gelés sur le sol. Il fallait briser la glace des abreuvoirs et dans les maisons, le froid était si intense que ni les feux de tourbe et de brandes de bruyère, les peaux de bêtes et les laines épaisses n’empêchaient qu’il vous glace les os. Les arbres, troncs et branches scintillants de glace, se fendaient en deux. Les réserves de bois et de grains s’épuisaient, les vieux et les enfants mouraient et la terre était si dure qu’il fallait remiser les corps dans les appentis en attendant de pouvoir creuser le sol pour les enfouir. Le comte Alain ne songea plus qu’à aider ses gens et pour un temps, oublia la meute maudite et la chasse qu’il s’était promis de mener pour venger la mort de son fidèle louvetier.
Ce même hiver, agenouillé devant le chapelain de son château de Lesneven, un chevalier fit vœu de suivre le pèlerinage que son père, Galeran, avait fait avant lui. Il avait mis son épée au service de la duchesse Constance et de son fils, Arthur de Bretagne. Il s’appelait Alan, mais on le surnommait le « chevalier au loup », car sur son écu, en plus d’une étoile, se dressait la bête grise…
Non loin de Paimpol, au même moment, Padrig, guide de Compostelle depuis plus de vingt ans, décida qu’il était temps de prendre son fils Armel, quatorze ans, avec lui. Il croyait aux présages, au traou spont, chose d’épouvante, aux sinaliou, signes avertisseurs, et depuis quelque temps, ceux-ci ne lui étaient pas favorables. L’Ankou, l’ouvrier de la mort, approchait.”

Résumé

De mémoire de Bretons, peu d’hivers ont été aussi rudes que celui de l’an 1198. Pourtant, bravant la neige et le froid, des pèlerins, guidés par Padrig et son fils Armel, quittent l’abbaye de Beauport pour gagner Dinan, puis Compostelle. Mais la mort rôde, une horde de loups ravage le duché, des brigands pillent et tuent.
Quand son père meurt assassiné, le jeune Armel n’a d’autre choix, aidé par le chevalier au loup, Alan de Lesneven, que de prendre la tête du groupe et de mener une enquête qui le conduira tout droit vers le trésor légendaire d’Eon de l’Etoile.

Éditions Thierry Magnier
Collection Romans
Niveau de lecture : collège
8,50 euros
Parution : 15 avril 2009
Illustration couverture : Claude Cachin
ISBN : 978-2-84420-746-3